Algerian Phoenix Orchestra

Depuis longtemps déjà, à travers l’émigration, le genre musical Chaâbi (ce qui signifie tout simplement « populaire ») a traversé les frontières de l’Algérie et connu quelques succès remarquables dans le monde.

On se souvient de Rachid Taha qui, sur un registre rock, l’avait propulsé à l’international. Son remake de « Ya Rayah » de Dahmane El Harrachi, avait montré avec brio comment le Chaâbi pouvait se transcender dans la musique contemporaine. Pour sa part, la tournée d’El Gusto Orchestra of Algiers s’est attachée à promouvoir le genre en soulignant les liens artistiques entre les musiciens musulmans et leurs pairs juifs.

Voici maintenant Algerian Phœnix Orchestra qui s’inscrit pleinement dans la découverte du chaâbi lequel a pu être qualifié de « Blues de la Casbah » ou de « Jazz de l’Afrique du Nord ».
Pourquoi Phœnix ? Non pas pour la fameuse ville de l’Arizona qui, cependant, abrite le plus grand musée au monde d’instruments de musique. Mais pour cet oiseau légendaire que la mythologie dit renaître de ses cendres. Son nom est devenu celui du principal fondateur du chaâbi, Cheikh El Hadj Mohamed El Anka (1907-1978) qui avait choisi d’abriter son art sous les ailes du fabuleux volatile, El Anka signifiant Phoenix en arabe.

Personnage emblématique d’Alger, ce musicien et chanteur traditionnel – qui, par ailleurs, appréciait le jazz américain – incarne la naissance et l’essor d’un genre pour lequel il inventa même un instrument, le mandole.
Le chaâbi s’est élaboré dans la première moitié du 20e siècle sur les innovations apportées par quelques prédécesseurs, et notamment l’éminent Cheikh Nador. Mais c’est bien El Anka qui lui donna forme et personnalité en tant que genre.
Surnommé « le Cardinal » à la fin de sa carrière, le maître eut des disciples tandis que de nombreux musiciens, sans passer par ses classes, s’inspirèrent et s’inspirent encore de son art et de sa manière de chanter. En réunissant trois interprètes émérites du genre – Abdelkader Chaou, Abdelkader Chercham et Abdel Hadi Halo – qui se réclament de la filiation artistique d’El Anka, le troisième étant son propre fils, The Algerian Phoenix Orchestra entend rendre hommage au maître dont l’aura, quarante-deux ans après sa mort, continue de rayonner sur la musique algérienne.
The Algerian Phoenix Orchestra est un voyage au cœur de la matrice du chaâbi, un genre profondément ancré dans une histoire, une culture et un peuple attaché à son héritage mais ouvert au monde.